Coucou mes chéris! Voici le deuxième opus de mon carnet de voyage, histoire de vous raconter un peu une expérience inoubliable: mon week-end à Ninh Chu.
Mais commençons par le commencement: la dernière fois que nous nous sommes quittés, une nouvelle semaine saïgonnaise allait s'offrir à moi.
Rien de bien passionnant: départs le matin en xe om (moto-taxi), beaucoup de travail dans la journée, déjeûners avec l'équipe à la cantine de GCS, retours tard le soir et dîner dans ma chambre d'hôtel puis dodo.
Heureusement, j'ai rencontré dans l'ascenseur de l'hôtel une jeune femme qui est ici pour deux semaines. Elle s'appelle Anne, est à Saïgon pour donner des cours d'informatique à l'université d'Ho Chi Minh ville, et travaille au LIP6, un labo de recherche en informatique et réseaux. Du coup, elle connaît ma société et nous avons pu nous extasier sur la petitesse de notre planète au cours d'un dîner mardi soir. J'ai mangé de l'anguille grillée et elle une salade tiède au boeuf. J'ai oublié les noms vietnamiens... Hereusement qu'Anne était là pour me faire sortir de mon hôtel en semaine!
Vous l'avez compris, les événements marquants de cette semaine n'ont commencé à montrer le bout de leur nez qu'à partir du vendredi soir.
GCS organisait en effet le "GCS Family Day", une espèce de week-end d'intégration, dans un resort à Ninh Chu, au bord de la mer, à trois cents kilomètres de Saïgon. Départ le vendredi soir à 11h.
Contrairement à mes craintes, le bus était climatisé et tout à fait confortable. Je faisais partie de l'équipe 2. C'est très important pour la suite alors j'espère que vous êtes attentifs.
Au bout d'une heure de route (à minuit donc), nous nous sommes arrêtés dans une espèce de boui-boui et nous avons mangé une soupe au riz et au poisson.
Il y avait plus d'arêtes que de poisson et ce n'était pas très bon à mon goût, mais comme je suis allé aux toilettes avant de dîner, j'avais une bonne idée de ce que dégueulasse veut vraiment dire. Ici, pas de tout à l'égoût: les pissotières se déversent directement sur le sol. Du coup, la soupe m'a semblé bonne.
Nous sommes remontés dans le car et Binh Le et Ly ont sorti des fruits et des gâteaux, Quy avait acheté de la bière au restaurant. Il y avait aussi une guitare. Au bout d'un heure, les mecs étaient tous bourrés et chantaient à tue-tête des tubes vietnamiens. Je pense que Plastic Bertrand et Emile & Images (c'est Emile son nom?) feraient un malheur ici si ils parlaient vietnamien.
Heureusement, j'étais complètement crevé et j'ai dormi en pointillés pendant les sept heures de trajet (oui oui, sept heures pour trois cents kilomètres).
Nous sommes arrivés à Nin Chu à 6h30 et il devait déjà faire 35°C. J'étais en nage dès la sortie du car, mais heureux d'être arrivé vivant. Je vous épargne la description de la conduite vietnamienne, parce que sinon Môman me fait rapatrier direct. Je peux juste vous dire que c'est à base de klaxon et de ça passe ou ça casse.
Après un petit déjeûner à base de nouilles, d'oeufs de cailles, de riz, de jus de légumes (légume se dit rau, mais impossible de savoir le jus de quel légume j'ai bu, je sais juste que c'était du rau ma et que c'était pas bon) et de lait de soja tiède très sucré.
La matinée était libre, et dès que mon envie de vomir s'est calmée, je l'ai passée dans l'eau et sous les cocotiers, à discuter avec les quelques personnes qui parlaient anglais, à lire mon lonely planet, à écouter d'autres chansons du Didier Barbelivien local, à regarder des mecs se faire plumer au blackjack par Mai (Maille), une secrétaire de GCS fort sympathique qui leur a raflé toutes leurs thunes et dont j'aurai l'occasion de vous reparler plus tard.
Nous avons ensuite déjeûné et là, c'était délicieux. Je vous explique le principe: un bol de riz, plein de plats sur la table à base de viandes, de poissons, de fruits de mer et de légumes, on prend un petit peu de quelque chose dans un plat, on le trempe dans une sauce au passage, on le pose dans son bol de riz, on le récupère et on le mange. Comme ça le riz est bien imbibé et délicieux à la fin. Si on veut le riz encore moins sec, il y a toujours au milieu de la table un saladier de bouillon de légumes et de poissons, qu'on verse dans son bol (j'aime pas ça). Le tout est arrosé de thé glacé et conclu par un fruit exotique.
Par contre, on mange en vingt minutes chrono, personne n'attend personne, on ne dit pas bon appétit, surtout pas merci, on pose ses détritus sur la table et on fait beaucoup de SLUUUUURP et de BURP.
Premier choc culturel: les gens font des choses qui vous paraissent impolies ou déplacées (même à moi), mais pour eux c'est tout à fait naturel. Enfin bon, je remarque tout de même que les filles sont plus discrètes que les garçons, même si elles mangent aussi la bouche ouverte. A la fin du repas, on se cure toujours les dents. Chose étonnante: on n'utilise pas ses doigts, mais un cure-dents (tam). Puis tout le monde s'en va comme il est arrivé: sans dire au revoir ni merci.
C'est l'après-midi que les choses ont commencé à se compliquer. Si vous vous rappelez bien, je faisais partie de l'équipe numéro deux (chef d'équipe: Quy). Ah ah! Mais pourquoi ces numéros d'équipe me demanderez vous? Eh bien parce que l'après-midi, les "jeux" ont commencé. En fait de jeux, j'ai plutôt eu l'impression de me retrouver en gladiateur au milieu d'un arène.
Tournoi de foot sur la plage HYPER violent (et pourtant j'ai appris à jouer au foot en un contre un avec Danielus), lancer d'oeufs avec si possible ratrappage intact (et laissage de coquilles d'oeuf partout sur la belle plage de sable fin), course en sac style stock-car et tir à la corde dans un mètre d'eau avec une grosse corde qui fait des échardes.
Résultat des courses: une entorse au pied droit, des brulûres au sable partout sur les jambes (ça fait très mal) et des ampoules dans les mains de la taille d'un noix de coco.
Franchement, j'ai pas trop aimé les jeux sur la plage, même si je me suis senti obligé de dire le contraire à mon équipe, qui avait l'air absolument enchantée.
Ah oui, nous avons gagné le tir à la corde, ce qui n'est pas étonnant, vu que je dois peser facilement trois vietnamiens (et des gros). Au tir à la corde, Binh Le a failli se noyer, mais elle était quand même heureuse comme tout et prête à recommencer. Complètement tarée.
Tiens au passage, chose fort étonnante, les filles sur la plage sont toutes habillées et se baignent comme ça, parce que pour être belle il faut être le plus blanc possible. Je suis dégoûté
Bon après toutes ces épreuves, je me suis mis de la glace sur la cheville pendant une heure, j'ai discuté avec le responsable du training chez GCS, il m'a filé un lotion verdâtre à mettre sur les brûlures. Et bien croyez le ou pas, je me suis dit: "il faut s'intégrer", j'ai ouvert ce petit flacon sur lequel tout était écrit en chinois, et je m'en suis généreusement étalé sur le genou et sur le pied. Yaaaaaaaalaaaaaaaa! L'enfoiré! Je suis sûr que c'était à base de venin de cobra et de piment vert pour faire avancer les ânes les plus récalcitrants (pour faire avancer un âne récalcitrant, monter dessus et lui enfoncer dans l'anus le piment vert en question). Après avoir dégusté pendant facilment vingt minutes tout en continuant à lui faire la conversation l'air de rien, je suis allé prendre une douche et me préparer pour le dîner de 18h (ils ne mangent pas à la même heure que nous non plus).
Les bungalows étaient très confortables: deux lits simples, une télé, la cilm, tout propre et très bien.
C'est là que j'ai appris qu'on était en fait quatre par bungalow et qu'on devait se partager les lits. GCS fait des économies manifestement. Ca ne dérangeait pas mes compagnons de voyage, puisque quand je suis entré dans mon bungalow, ils étaient huit à faire la sieste: quatre par lit, tête bêche. Je vous dis tout de suite que n'importe lequel d'entre vous (sauf peut être Marine) et moi, on ne tient pas dans ces lits.
Dans la salle de bains, pas de bac de douche: on se lave directement dans la salle de bains, par terre, et on essaie de tout faire couler dans la bouche d'évacuation, mais la pente n'est même pas dans le bon sens. Résultat: le papier toilette est trempé, les serviettes sont trempés, la cuvette des toilettes est trempée, il y a du sable plein la salle de bains. Et bien, croyez-le si vous voulez, mais ce genre de détail ne me dérange absolument plus. Je me suis séché avec une serviette dans laquelle vous ne voudriez même pas vous moucher
Je suis ensuite parti dîner. Impeccable: de grands buffets de brochettes de fruits de mer crues, qu'on faisait griller au bord de la plage, du riz sous toutes les formes, des nouilles sautées, du crabe au tamarind (j'aime pas le tamarind) et tout un tas de fruits délicieux.
Au bout d'une demi-heure le buffet était dépouillé et tout le monde avait fini de manger. Par terre, c'était une véritable porcherie. Heureusement, une petite pluie tropicale est venue rincer tout ça. Impressionnant: quelques secondes sous la pluie suffisaient pour être trempé jusqu'aux os.
Sous abri, il fallait plutôt quelques minutes, mais le résultat était le même, puisque les toits au-dessus des tables du dîner étaient en feuilles de bananier. On s'en foutait, c'était de la pluie chaude.
Pendant tout le repas, l'équipe de management de GCS a présenté leurs résultats pour 2004 et leurs plans pour 2005. Je n'ai rien compris, c'était en vietnamien. Il y a juste le chairman principal de GCS, Thang, qui m'a bien fait marrer parce qu'il ne prenait la parole que pour trinquer: "mo, hai, ba, yo!" (Je pense qu'on peutbtraduire ça par "un, deux, trois, santé!")
Pourtant c'est quelqu'un de très important au Vietnam si j'ai bien compris. Il parle très bien français et est très sympathique. Papa, il joue au golf.
C'est après dîner que j'ai vraiment commencé à halluciner. Mon équipe (la numéro 2) m'avait vaguement parlé d'un "Talent Show" où nous devrions jouer une petite pièce de théâtre. Je n'avais pas compris que ça prendrait cette ampleur.
Nous avons commencé par un concours de karaoké. J'ai chanté en vietnamien. C'est pas difficile, il suffit de chanter très mal et très fort et ça, je sais faire.
Ensuite, chaque équipe devait donc présenter un petit spectacle. C'était hallucinant, ils avaient fabriqué des costumes, certains ont fait des défilés de mode habillés en feuilles de bananier, d'autres des espèces de danses indiennes, d'autres ont chanté en duo avec le reste de l'équipe qui dansait... Mon équipe a présenté un petite pièce de théâtre en mime censée illustrer le processus qualité de GCS. Je jouais le client. Nous avons fini par un Beach Beauty Contest, où les beauties étaient tous des mecs, marrant.
C'était vraiment étrange, ambiance colonie de vacances. Mais le plus fort, tenez-vous bien, c'est qu'à la fin de chaque prestation, l'équipe de management de GCS mettait des notes aux participants. Les gens étaient vraiment très motivés pour gagner. Etonnant. Je ne pense pas qu'on voie ça en Europe dans un entreprise. Plutôt dans une équipe de foot où dans une colonie. Même au club med, les gens sont plus coincés.
Pendant toute cette agitation, vu que j'étais en coulisses, une chose en particulier m'a marqué: les gens se poussent et se marchent dessus comme si de rien n'était. Si vous gênez quelqu'un, il vous pousse sans ménagement, sans même vous regarder, quitte à vous flanquer par terre. J'ai bien observé, ce traitement ne m'était pas réservé (et le vietnamien qui me met par terre en me poussant n'est pas encore né) et tout le monde se marchait plus ou moins dessus.
Enfin, vers 22h30, après la remise des prix par les managers de GCS (j'espère que je vais arriver à récupérer des photos de nos prix, parce que je ne les ai pas vus de près, mais j'ai eu l'impression que ça valait le détour), je suis allé aux toilettes et j'y ai rencontré un demoiselle qui faisait pipi par terre sur le carrelage des pissotières parce qu'il y avait déjà quelqu'un dans les toilettes pour filles. Dégoûté, je suis allé me coucher, alors qu'un copain très sympathique et complètement bourré (je crois qu'il s'appelle Thang aussi - de toute manière, Hung, Chuong, Trung et Phuong se disent de la même manière alors je ne retiens aucun prénom) voulait absolument que je reste avec lui et ses potes boire des bières. Il
est vietnamien et vit à moitié entre le Vietnam et le Japon pour son travail. Il avait l'air de savoir ce que c'était que d'être loin de chez soi et c'est pourquoi il voulait que je reste avec lui pour me mettre à l'aise.
Mais j'étais trop mort et on avait le petit déjeûner à 6h30 le lendemain matin.
Sur le chemin du retour, j'ai croisé qui Vu qui me cherchait vu que j'avais la clé du bungalow. Je lui ai demandé si lui aussi il voulait aller se coucher, mais non, on était simplement samedi soir et il voulait regarder le match de foot. J'ai hésité à le pousser à l'eau où à l'étrangler derrière un cocotier, mais je me suis dit que crevé comme j'étais, je n'aurais pas de problème à m'endormir.
Et c'est ce que j'ai fait, Vu à mes côtés dans le même lit en train d'encourager Lampard en vietnamien.
Il est bien tard ici et mes yeux fatigués se ferment, je vous raconterai donc la suite lors d'un prochain numéro.
En attendant, allez voir les photos du week-end dernier:
http://www.rapaport.fr/yannus/
Gros bisous à tous!
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Yannus
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