Week-end à Ninh Chu - Suite et fin

Hahaha je sais que vous l’attendez tous, alors, sans plus tergiverser, voici la deuxième partie de mon voyage à Ninh Chu!

Lorsque le téléphone de Vu a sonné à six heures du matin pour le petit-déjeûner, Thang était rentré pendant la nuit, mais pas notre quatrième colocataire. Ce qui signifie que ce pourri de Thang a dormi tout seul dans son lit alors que j’étais dans les bras de Vu. J’étais un peu dégoûté, sachant que je suis gros comme Vu, Thang et toutes leurs familles réunies.

Mais bon, un nouveau jour se levait - en fait, il était levé depuis un moment, vu qu’il faisait déjà 30°C dehors - et nous n’allions pas nous laisser abattre pour si peu. A nous les nouilles de riz et le jus de légumes pourris!

Je dois avouer que c’était tout de même bien agréable d’admirer la plage en petit-déjeûnant, d’autant plus que tout le monde me lançait de joyeux bonjours maintenant qu’ils m’avaient vu faire l’idiot sur scène avec Nono le petit robot et une Beach Beauty d’un mètre quatre-vingts.

A sept heures pétantes, nous nous sommes dirigés vers le car pour la visite de la journée. J’étais vraiment impressionné par ces horaires de ouf jusque là, mais j’ai bien rigolé en arrivant au car: la moitié des gens avaient décidé de faire la grasse mat’!

Hahaha tant mieux on allait être entre warriors pour profiter de la petite île paradisiaque que nous nous apprêtions à visiter. J’étais tout de même tracassé par ma cheville, qui avait atteint la taille de celle d’un bébé mammouth (environ 7 mois), mais il était absolument hors de question que je me fasse soigner dans ce pays de guedin alors je faisais bonne figure.

Je vous épargne la description du trajet, un guide nous faisait de nombreux commentaires en vietnamien, tout le monde rigolait sauf moi qui ne comprenais rien. Et puis de toute manière je n’avais pas trop envie de rigoler parce que le chemin pour aller jusqu’au bateau passait par un petit col, que notre chauffeur a dévalé comme un malade, sous les hourras de la foule sanguinaire. Mon slip est foutu.

Sur la plage, en attendant le bateau, nous avons croisé des pêcheurs qui rentraient au port, avec des écrevisses grosses comme le bras. On a bien rigolé et on a pris de belles photos.

Vous avez déjà vu un ponton vietnamien? C’est en bois, c’est branlant et il y a des trous entre les planches pour mieux voir le vide et les épieus qui vous attendent au fond de l’eau si vous rippez. On s’est engagé là-dessus à cinquante, ça a tangué mais ça a tenu.

Le bateau était de bien meilleure facture, il n’y avait pas de gilets de sauvetage pour tout le monde, mais on m’en a donné un parce que quand même je suis un client. Il n’était pas très grand, j’ai pu y passer un bras, ça me faisait un petit brassard. De toute façon on n’en avait pas pour longtemps et le bateau était en surcharge totale donc comme on coulerait tous je pourrais certainement m’accrocher à quelqu’un.

Le voyage a été très agréable, on a vu des petites maisons de pêcheurs: une baraque en bois sur pilotis en plein milieu de la baie, entourée de structures carrées en bois, dans lesquelles repose un filet. J’ai pris des photos, on comprend mieux. Mais c’était joli. Nous avons abordé sur l’île, à même la grève, j’ai attendu que les gens arrêtent de se battre pour passer à quinze dans une porte de quatre-vingt centimètres de large et je suis sorti.

Oh la belle plage de sable fin, entourée de petites montagnes verdoyantes, avec la vue sur l’océan à l’infini! Mais, surtout, LE CANIARD! J’étais liquéfié en quelques secondes (surtout que j’avais eu la bonne idée de mettre un t-shirt noir), mais comme j’avais des petits boutons partout et que je présumais que c’était dû à mon exposition prolongée de la veille, je ne me suis pas déshabillé et je ne me suis pas baigné. C’est là que je vois que je n’étais pas encore un vrai vietnamien, parce qu’aujourd’hui, dans la même situation, je saute dans l’eau tout habillé avec mes chaussures sans réfléchir une seconde.

Nous avons attendu une heure sous une bâche en plastique bleu à regarder une femme faire sécher des calamars au soleil. Elle était en blouson, avec un bonnet. Je ne comprends pas toujours tout…

Enfin, le deuxième bateau est arrivé, un bateau à fond plat transparent. C’est là que j’ai compris qu’on allait voir une barrière de corail, parce que j’avais eu beau relire quinze fois le programme de la journée en vietnamien, je n’avais pas percuté. Et personne n’avait été capable de me traduire. C’était superbe: des coraux rouges, des anémones bleues, des petits poissons arc-en-ciel. La douce brise marine après le gros coup de chaud aidant, je me suis endormi comme un bébé sur le chemin du retour.

J’ai un peu été réveillé par Binh Le qui vomissait ses tripes à cause du roulis, j’ai rigolé comme tout le monde et je me suis rendormi. Dans le bus, j’ai bien dormi aussi, sauf que Binh Le, qui était devant moi, continuait à vomir (il y a du roulis dans les bus aussi et c’est moins bien aéré).

Le déjeûner était délicieux. C’est marrant comme nous n’avons pas les mêmes goûts: il y avait un petit plat de porc sucré-salé et presque personne n’y a touché à part moi… Si ça se trouve, je me suis tellement jeté dessus comme un malappris qu’ils se sont dit qu’il valait mieux me le laisser si ils ne voulaient pas se faire mordre… Ils ont bien fait.

Nous avons ensuite fait nos adieux à Ninh Chu et sommes repartis. Au bout d’une demi-heure, nous nous sommes arrêtés dans un magasin au bord de la route. Manifestement, nous étions attendus: des petites tables en plastique avec les tabourets assortis (genre dînette) s’offraient à nous. Nous avons dégusté un vin local, très sucré, qu’on boit avec des glaçons et du jus de citron. Apparemment c’est toujours comme ça le vin ici. Ca ressemble à un sirop assez alcoolisé, dans des bouteilles en plastique genre Villageoise, mais pas trop mauvais si on ne se dit pas que c’est du vin. En tous cas, franc succès: tout le monde a acheté au moins deux bouteilles, certains sont repartis avec des cartons complets.

A la sortie du magasin, on pouvait acheter du raisin et des nems à des petites vendeuses à la sauvette. Le raisin est très apprécié ici (si vous voulez offrir un fruit à un vietnamien, oubliez les mangues et les ananas, venez avec vos pommes et votre raisin) et les nems ne sont pas du tout ce dont on a l’habitude. C’est un petit pâté, un peu comme de la farce, très gluant et enroulé dans des feuilles de bananier. Je crois que c’est traditionnel pour les fêtes alors je vous en dirai plus après Noël, parce que là je n’ai pas trop osé, j’ai déjà eu assez de mal à me débarasser des petites filles accrochées à mon bras pour que je leur achète quelque chose.

Nous sommes repartis, j’ai dormi, et tout d’un coup ça s’est mis à sentir très mauvais. Je me suis dit que Binh Le commençait a être vraiment bien malade, mais j’ai compris en voyant tout le monde descendre du car que nous étions arrivé au magasin de nuoc mam. L’odeur était impressionnante au début, mais on s’y fait très vite; c’est en retournant dans le car que j’ai réalisé qu’on puait tous le poisson pourri.

Le nuoc mam est stocké dans de grandes poubelles en plastique (comme quoi eux aussi ils doivent trouver que ça pue pour le mettre direct à la poubelle) et on vous remplit et étiquette la bouteille sur place. Autant vous dire que je n’en ai pas acheté parce qu’avec le bol que j’ai, sûr qu’il aurait explosé dans mon sac.

On pouvait aussi acheter des miettes de poisson séché, genre nourriture pour poissons. Mes amis semblaient s’en délecter, mais moi j’avais déjà goûté la dernière fois que Franck était rentré à Paris et je savais que j’allais leur repeindre la boutique si je m’approchais trop de ces immondices. Je me suis tout de même offert des espèces de nougats très secs à base de riz, de lait et de sucre.

Comme un con, j’ai changé de place pour la fin du voyage. Comme ça puait le nuoc mam, je me suis mis près d’une ouverture de fenêtre. A chaque fois que je m’endormais, ma tête partait sur le côté et je me flanquais un grand coup dans le front avec la poignée de la fenêtre. C’était horrible parce que j’étais crevé et que je n’arrêtais pas de me cogner. J’ai encore mal.

Je me suis bavé dessus aussi. Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais vous vous réveillez avec un grand filet de bave qui vous relie au t-shirt. J’ai vite regardé autour de moi, mais tout le monde était très occupé à se faire goûter du poisson, pourri ou séché; je crois que c’est passé inaperçu.

Nous avons dîné à Pham Thiet, une station balnéaire très connue au Vietnam, mais comme à dix-neuf heures il faisait déjà nuit noire, je n’en ai pas vu grand chose.

Après dîner, dans le car, nous avons organisé un petit jeu: chacun devait passer au micro, chanter ou raconter une histoire, puis désigner son successeur. J’ai chanté “Du côté de chez Swann” en me disant que j’allais déchaîner les foules vu ce qu’ils m’avaient fait endurer, mais j’ai fait un flop. C’est certainement en grande partie dû à ma voix, mais j’en déduis aussi que les paroles sont très importantes dans la musique vietnamienne, parce que je pense que j’étais pile poil dans le registre musical.

Bref, c’est pas grave, je pensent qu’il m’aiment quand même, puisqu’ils m’ont offert la coupe gagnée au tir à la corde, très cérémonieusement, avec serrage de main du capitaine de l’équipe et preuve photographique à l’appui (il faut absolument que je récupère les photos)!

Le reste du voyage s’est déroulé tranquillement, nous sommes arrivé à Saïgon vers 22h30, on a dit au revoir à tout le monde, Vu m’a raccompagné en mobylette à mon hôtel, ce qui était assez marrant avec nos deux gros sacs, et j’ai réintégré mes pénates.

Etrange mélange de soulagement et de nostalgie, j’étais quand même bien content de me glisser dans mon lit, riche d’un expérience inoubliable et déjà un peu vietnamisé, puisque je n’ai pas pris de douche, malgré le sable, le sel, la transpiration, le nuoc mam et les projections de vomi de Binh Le qui a dû perdre dix kilos.

Bises

Vietyann

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One Response to “Week-end à Ninh Chu - Suite et fin”

  1. brian says:

    electronics@colloidal.injuns” rel=”nofollow”>.…

    thanks!!…