Salut mes chéris!Désolé de vous avoir abandonnés pendant si longtemps, mais j’ai vraiment été débordé ces dernières semaines.La dernière fois que je vous ai laissés, je vous avais relaté mon petit week-end à Ninh Chu. Une bonne semaine m’a été nécessaire pour recouvrer mes esprits. Pendant cette semaine, deux rencontres ont changé ma vie.D’abord, Vincent. Vincent est un français d’origine vietnamienne, qui vit ici depuis un an avec sa femme Sophie. Non content d’être drôle et sympathique, Vincent parle vietnamien. OK il parle le vietnamien du nord et il est parfois obligé de répéter pour être bien compris quand il commande
un plat au restaurant, mais, au moins, il sait ce qu’il commande. C’est un énorme avantage. De plus, il connaît très bien Saïgon et m’emmène un peu partout, me décrit tous les monuments et me fait goûter à tout (on bouffe tout le temps et c’est très bon). Malheureusement, Vincent et Sophie partent
au Canada mi-décembre. Ils vont me manquer.
La deuxième rencontre a été décisive pour moi. Elle m’a emmené partout dans Saïgon avec Vincent et Sophie, elle est vive et fidèle, douce mais racée, souple et coupleuse, oui, vous l’avez reconnue, mesdames et messieurs, j’ai nommé la Honda Wave Alpha! Ca y est, j’ai ma mobylette et je me pavane,
cheveux au vent, dans les gaz d’échappements, libre comme l’air, dans le flot ininterrompu des cycles à moteur d’Ho Chi Minh ville! Born to be wild.
Alors là, on en prend vraiment plein les yeux, plein les fesses et plein les poumons. Je vous conseille de vous arrêter derrière un bus, en vous demandant innocemment pourquoi cette place est libre (en mobylette dans les bouchons, on négocie sa place pour être le premier à démarrer et être à
nouveau en première ligne au feu suivant, excellent!). Pour en revenir à mon bus, au feu vert, si vous portez des lunettes, vous vous retrouvez transformé en de raton laveur tuberculeux: vous êtes tout noir sauf deux ronds roses autour des yeux et vous toussez comme un dératé. Ca vous motive
encore plus pour passer devant le bus avant le prochain feu!
Heureusement, il m’a été envoyé un allié de choix en la personne de Damien. Damien est mon copain à Paris et, comme par hasard, nous avons absolument besoin de lui pour un projet ici (héhé la bonne combine)! Damien est arrivé le 27 novembre et repartira le 14 décembre.
Il a de très grands bras et c’est bien pratique pour tourner: il les tend et ça permet d’être sûr que personne ne va nous faire l’intérieur. Je n’ai plus qu’à surveiller les cyclo-pousses qui arrivent au carrefour en trimbalant un frigo et qui ne peuvent pas freiner, les malades qui roulent en sens inverse en composant un texto, et les kamikaze qui descendent du trottoir d’un coup d’un seul en disant au revoir à leurs potes au lieu de regarder devant eux (quoique ces derniers sont bien souvent stoppés nets par les grosses poubelles vertes poussées par un éboueur, qui composent autant d’obstacles fatals, puisque le conducteur est deux fois plus petit que le véhicule et n’a donc aucune idée de ce qui est devant sa benne - il semblerait de plus que le ramassage d’ordures se fasse nécessairement dans le sens contraire à la circulation)!
Damien est donc arrivé le samedi 27 novembre. Je me suis légèrement gaufré sur le timing et suis arrivé à l’aéroport avec une heure de retard. Damien est assez grand - à peu près deux fois plus grand qu’un vietnamien moyen - et je voyais sa tête surplombant ce qui semblait être une grappe de
chauffeurs de taxis, qui sautaient chacun leur tour pour se placer au niveau de son oreille et y hurler: “Your friend not come. Go with me! Five dollars! Five dollars!”
Je suis intervenu in extremis - Damien avait la tête du mec qui était prêt à tuer à grands coups de valise-cabine - d’un expérimenté “No, no, meter taxi!”. La foule sautillante s’est alors écartée, nous laissant le passage vers les taxis à compteur, qui nous étaient jusqu’alors cachés par la masse
des opportunistes qui savent très bien qu’ils arriveront à se choper un touriste pour deux fois le prix standard. Damien n’a pas ouvert la bouche avant d’être installé dans le taxi: “T’es vraiment un bel enfoiré!” Mon copain était arrivé, nous allions pouvoir montrer à Saïgon de quel bois se
chauffent les petits français!
Une fois Damien installé à l’hôtel, Vincent est venu nous rejoindre et nous a emmenés visiter le centre-ville: hôtel de ville, théâtre, rue Dong Khoi et beaux magasins. Vincent est un excellent guide et a aidé Damien à s’intégrer en douceur (rien à voir avec le choc Ninh Chu que j’avais subi) en nous emmenant déjeûner à la Vietnam House, restaurant très classe et tout à fait délicieux. Trop cool, on y est allés en mob.
Il nous a alors sentis prêts pour un peu plus d’authenticité et, après avoir abandonné Sophie - les femmes n’étaient pas acceptées là où nous allions - nous nous sommes dirigés vers le salon de massage. Hahaha bande de pervers je vois d’ici les sourires lubriques se dessiner sur vos visages de cochons! D’ailleurs Damien et moi étions un peu inquiets, non pas que notre fidélité ne soit pas à toute épreuve, mais quand même. Vincent nous a rassurés: nous n’allions pas au bordel et de toute manière si quelqu’un s’approchait du contenu de nos caleçons, on n’avait qu’à dire non merci.
Nous entrâmes donc et nous installâmes sur un fauteuil genre salon de coiffure. Une charmante jeune fille nous servit un cha da et le massage commença. Il ne fallut que quelques secondes à la tigresse qui se tenait derrière moi pour laisser libre cours à ses instincts et me lacérer littéralement le crâne. Une seconde pour respirer et la voilà qui essaye de me déformer la face par appui latéral sur les tempes, une seconde pour respirer et lacération de cuir chevelu, une seconde pour respirer et
compression des tempes, ainsi de suite pendant un bon quart d’heure. Je ne sais pas si c’est plus ma volonté profonde de respecter la culture vietnamienne ou la trouille que ma masseuse m’en décolle un bonne, mais je ne lui ai pas hurlé d’arrêter comme mon pauvre cerveau me l’ordonnait.
Quand mon crâne a eu fini de me lancer, j’ai jeté un coup d’oeil craintif à la glace pour vérifier que ma masseuse avait été remplacée par Arnold Schwarzenegger, mais non, c’était bien elle, qui me souriait de toutes ses dents. On aurait dû se poser des questions avant le massage quand Vincent
nous a confié: “Si vous avez trop mal, vous criez DAÔ!”
Enfin bon on s’est regardés avec Damien, l’air soulagé en pensant que c’est vraiment un pays de malades, et que ça fait du bien quand ça s’arrête. Que nenni, nos masseuses nous ont alors montré la direction de l’escalier, qui menait à la véritable salle de massage. Le massacre des tempes ayant
annihilé toute volonté de rébellion, nous nous dirigeâmes docilement vers l’étage du dessus, après avoir enfilé des tongs. Vous avez déjà essayé de mettre des tongs avec des chaussettes? Ca fait mal, c’est dangereux dans l’escalier, mais ça fait bien rigoler les masseuses.
Une fois arrivés là-haut, on a vraiment compris notre douleur. Les vingt minutes de martyre vécues en bas n’étaient qu’un échauffement pour nos tortionnaires, qui laissèrent exploser toute leur puissance! Et vas-y que je te malaxe les muscles, vas-y que je t’étire les tendons, vas-y que je te
fais craquer toutes les articulations, vas-y que je te monte sur le dos pour te faire craquer les vertèbres. J’étais tellement tendu que ma masseuse n’a rien réussi à me faire craquer d’autre que quelques doigts, et encore c’est parce qu’il fallait bien que je souffle. Un vrai calvaire pendant plus d’une heure et demie. Il faut vraiment être con pour ne rien oser dire, mais au moins on était deux dans ce cas avec Damien. Vincent était ravi quant à lui…
La soirée a été beaucoup plus calme et agréable. Visite de la fête de l’amitié nippo-vietnamienne, où nous avons vu un très joli spectacle de marionnettes sur l’eau, une pièce de théâtre avec deux dragons genre nouvel an chinois, qui se tournaient autour et se montaient un peu dessus. Sophie
disait: “Oh ils sont mignons, ils jouent, vraiment c’est mignon!” alors que Vincent, Damien et moi commençions à avoir de sérieux doutes quant à l’innocence de leurs activités, jusqu’à ce que la sortie d’un petit dragon du ventre du gros dragon jaune vienne nous donner raison. Ah ah on s’est
bien marrés! Et on a bien fait d’en profiter, puisque, notre faim montant, nous allions devoir nous préparer pour une nouvelle lutte sans merci! Nous nous sommes battus comme des malpropres pour récupérer quelques nems et deux-trois beignets aux crevettes. La petite fille qui attendait derrière
nous pour les derniers beignets aux crevettes a bien pleuré mais on ne lui a rien lâché. De toute manière ils étaient gras… Un truc cool quand même: on y est allés en mobylette.
Nous sommes ensuites partis au cirque, où nous étions invités par la prof de vietnamien de Sophie. C’était en fait la journée des professeurs. Ce jour là, tout le monde va voir ses professeurs préférés (même les anciens) et leur offre un petit cadeau. La prof de vietnamien de Sophie étant aussi la prof du cirque, elle avait le droit d’y inviter qui elle voulait.
Le cirque était assez sympathique, surtout les acrobates qui se lançaient des chapeaux dans tous les sens, ceux qui grimpaient sur une barre verticale et faisaient des saut périlleux dans tous les sens et un mec qui a joué de l’harmonica, de la fûte de Pan en bouteilles de coca, des verres musicaux
plus ou moins remplis et surtout fait du violon avec un néon. Je n’ai pas encore compris comment on peut jouer du néon.
La fête a été un peu gâchée par le dernier numéro, où des petits singes devaient faire un tas de trucs mais ne voulaient absolument pas, et où leur dresseur meur mettait de grandes claques pour les forcer. Conclusion: les singes sont plus têtus que le dresseur ou lors il ne tapait pas assez fort,
et le numéro a été complètement loupé. On était assez mal à l’aise… On s’est consolés en rentrant en mob.
Le lendemain, nous avions rendez-vous à 11h avec Ly, un des collaborateurs GCS. Après une bonne nuit de repos bien mérité, nous nous sommes levés vers 10h Damien et moi, pour aller nous enfiler un grand petit-déjeûner au restaurant de l’hôtel. Ce que nous n’avions pas compris, c’est que Ly nous
emmenait déjeûner à 11h. On n’a même pas pris la mob.
Nous nous sommes donc retrouvés attablés devant un Cha Ca, un grand plat de poisson du Nord du Vietnam, avec le ventre plein de petits pains et de céréales, et le goût du café dans la bouche. Mais nous avons pris notre courage à deux mains, attrapé quelques nouilles de riz avec nos baguettes
pour les déposer dans notre bol, des cacahuètes, du citron, de l’oignon émincé, des herbes diverses et variées (on les reniflait tout de même et les goûtait du bout des dents comme des chimpanzés avant de les mettre dans notre bol, parce qu’il y a des herbes bizarres par ici), quelques morceaux
de poissons qui grillait sous nos yeux sur un brasero en brique et, surtout, la sauce à la crevette.
Hahahaha la sauce à la crevette! Quand vous avez goûté ça, vous buvez du Nuoc Mam à la bouteille comme du lait de coco. Ca pue d’une force! Damien est tombé de sa chaise quand le serveur a apporté le bol de sauce. Ca se prépare comme du Nuoc Mam: on laisse des crevettes pourrir avec du sel dans
une caisse en bois pendant quelques mois, et, à la fin de cette période, au lieu de simplement récupérer le jus comme on fait pour le Nuoc Mam, on mixe tout le contenu de la caisse pour obtenir une sauce violette très épaisse, qui est utilisée par les explorateurs pour éloigner les bêtes sauvages dans la jungle. J’en ai quand même mangé, en me disant que mes dents allaient sûrement fondre et ma langue tomber de ma bouche comme un bout de bois, et bien, figurez-vous que ça a le goût de ce que ça sent! Et encore je suis habitué à manger des truc pourris maintenant. Je sais bien que ça n’a l’air de rien, vous vous dites “Ouah l’autre moi je sens mes chaussettes le soir ça m’aide à m’endormir, ça doit pas être bien terrible son truc!”. Mais moi, depuis que j’ai mangé ça, je sens mes chaussettes, mon slip et mes aisselles comme Kevin Kline dans Un poisson nommé Wanda et je reste éveillé tel le lézard insomniaque qui se balade la nuit entre ma clim et mes rideaux (je crois qu’il me guette le matin pour me dévorer).
Je suis désolé, le temps me manque pour vous raconter toutes mes aventures. Je vous laisse donc digérer la sauce à la crevette et vous donne rendez-vous dès que possible pour vous parler de boui-boui, de photos de mariage, de visites de Saïgon, de delta du Mékong, et de comment c’est trop bon de faire de la mobylette avec Alexandra!
Gros bisous
Tags: Saigon
C’est n’importe quoi, je suis arrivé le 19 novembre… mais que fait la police ???
Bye, bises,
D’un A qui veut dire Anonymous..
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спс!…
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good info….