Yannus 1 - Tokyo 0

Ha ha vous ne croyiez pas que j’allais passer tout un samedi à Tokyo et rentrer tranquillement à Mountain View sans rien vous raconter ! Je vous ai dit que je kiffais et j’avais bien l’intention de kiffer jusqu’au bout.

Je me suis donc levé samedi matin, seul mais décidé, tel le samouraï qui le soir même devra se faire hara-kiri aux pieds de son daimyo (sauf que moi c’est juste que je prenais l’avion le lendemain donc il fallait que je profite de ma journée). Il fallait faire efficace, car je voulais changer d’hôtel pour me rapprocher du marché aux poissons, où j’avais l’intention de mener mon enquête le lendemain - dimanche - aux aurores (l’activité démarre à 5h du mat et à 8h il n’y a plus personne, c’est l’heure du petit déjeûner de sushis). J’avais même contacté le Guiness Book pour qu’ils viennent homologuer le record du monde d’engloutissage matinal de sushis (j’avais bien l’intention de démonter les 2246 tonnes de poisson frais qui sont vendues là-bas chaque matin). Le lecteur verra plus loin que, si mes plans se sont déroulés sans accrocs, il a fallu quelque peu les ajuster en cours de route.

Petit déjeûner rapide à l’hôtel donc, puis checkout vif et précis, prise de train à Shinjuku (pour info, la Toei Odeo line ne se prend pas au même endroit que la JR line, il faut marcher à peu près deux jours dans la station pour y accéder) et dérapage contrôlé devant le Villa Fontaine, mal situé dans un quartier de bureaux, mais à deux pas de Tsukiji (le marché aux poissons, vous ne suivez pas ou quoi ?). La partie compliquée de la journée venait de s’achever, j’allais dès lors pouvoir errer dans cette formidable cité chamarrée, mélange de New York et de Dragonball Z, avec un soupçon de Ken le Survivant (et c’est ça qui est bon).

Je vous passe les détails de ma promenade (mais vous pouvez aller voir les photos), j’ai suivi le guide, me baladant nonchalamment dans les jardins du palais impérial, remontant tranquillement vers Akihabara, m’arrêtant ici pour engloutir un tonkatsu, là pour contempler des mangas très cochons ou des figurines de Cobra au prix exorbitant, là encore dans ce café où les serveuses sont habillées en … femmes de chambre de film porno des années 50 mâtinées de Candy (arrêt éclair le temps de mettre à l’épreuve les toilettes ultra perfectionnées du fait d’un tonkatsu peut-être un peu trop authentique - je ne comprends pas qu’une telle chose ait pu m’arriver avec les kilos de riz que j’ai engloutis - Tonkatsu 1 / Toto 0 - au passage ne manquez pas le site de Toto, qui est absolument énorme). Bref je fais mon touriste tranquillement, jusqu’au moment de retrouver mon nouveau copain Park vers 16h. Nous avons tranquillement terminé l’après-midi dans Asakusa, un quartier traditionnel mais un peu attrape-touriste (à la différence du tonkatsu qui était attrape-tourista), construit autour d’un temple plus ancien qu’Edo elle-même, malheureusement fermé à 17h. Après avoir marché toute la journée avec des chaussures parfaitement inadaptées (j’ai oublié d’être malin en faisant ma valise), je suppliai Park de me laisser aller prendre une douche à l’hôtel avant l’apéro. Nous décidonc de nous retrouver plus tard vers Roppongi, où il partit en éclaireur à la recherche d’un bon Korean barbecue.

Entre temps, j’avais été frappé d’une révélation, à savoir que je comptais dans cette ville merveilleuse un ami qui ne l’est pas moins, et que, par un truchement de relations haut placées (j’ai mis un SMS à David), j’ai réussi à contacter dans l’après-midi, pour convenir d’un rendez-vous nocturne. Vous l’avez deviné, il s’agit du seul, de l’unique, de l’idole de ces dames, du musicien maudit, du Don Juan asiatique, dont je préserverai l’anonymat pour ne pas nuire à sa réputation au vu des événements qui vont suivre. Nous l’appellerons donc JChoss Lapute. Bref, je me réjouissais d’avance à l’idée de revoir cet énergumène, d’autant plus qu’il m’avait proposé de le rejoindre à la fermeture d’un bar brésilien - comprenez là qu’ils devaient liquider tout leur stock de cachaça - et informé par la même occasion que le marché aux poissons était fermé le dimanche, con que je suis. A toute chose malheur étant bon, je n’avais donc qu’à me soucier de me rendre utile auprès des propriétaires de ce bar, puisque mon seul objectif le lendemain venait de se réduire à attraper mon avion à 16h.

J’ai bien failli le louper. Pour la dernière soirée, Park m’a sorti le grand jeu et, après le barbecue coréen où nous avons mangé l’équivalent de deux cochons de lait et bu à peu près douze bières (mais elles sont très légères), il m’avoua ne pas oser venir avec moi au bar brésilien et préférer aller partager un dernier sushi avant de me laisser y aller seul. Je ne me fais jamais prier pour un sushi et j’ai eu droit à un vrai festival : toro (le ventre du thon, bien plus goûtu que la chair du dos que nous avons l’habitude de manger), uni (l’oursin, j’adoooore), abalone (ça croque), baleine (on aurait vraiment dit du boeuf), cheval (je sais ce que vous pensez mais bizarrement j’ai plus de peine pour la baleine que le cheval) et pour finir en beauté, sashimi de poisson vivant, dont les ouïes bougent encore quand on vous le présente empalé sur une pique, ses filets délicats disposés sous ses yeux qui vitrent peu à peu (je kiffe, à moi Patrick Bateman). Feu d’artifice d’émotions. Ça ma presque donné envie de goûter la cervelle de singe vivant.

Avec toutes ces bêtises, il était quasiment 1h du mat quand j’ai rejoint JChoss au bar brésilien (un grand miracle vu mon état d’ébriété naissant et les indications plus qu’approximatives qu’il m’avait livrées). Contrairement à mes craintes, la soirée était loin d’être terminée, et conformément à mes espoirs, l’ambiance était fort chaleureuse dans ce bar, où j’ai même dû couper mes caïpirinhas au jus de goyave tellement ils nous servaient des doses de sumo (pourtant je peux boire à peu près n’importe quoi - un jour je vous donnerai mon secret). J’y ai rencontré les collègues de boulot de JChoss, ainsi que quelques charmantes demoiselles japonaises dont j’ai malheureusement complètement oublié les noms. Il faut dire aussi qu’elles ont fait leurs fiottes à 2h, quand nous avons décidé d’aller retourner (comme un okonomiyaki) une boîte de nuit dont j’ai, par le même phénomène d’évaporation cérébrale alcoolique, aussi oublié le nom. En tous cas c’était fort, les amis de JChoss sont des gens biens, qui laissent leur carte bleue au bar et vous interdisent de payer vos propres consommations. J’ai été raisonnable et je me suis arrêté quand je n’arrivais plus à voir mon gin tonic (c’est vraiment très très transparent un gin tonic). J’ai transé avec mes nouveaux amis, et, les japonais transant tous tournés vers le DJ, en gardant leurs pieds dans une surface carrée d’environ 80 cm de côté, nous avons fait sensation en laissant parler nos corps, nous déplaçant non seulement dans la salle, mais, comble de la folie, en faisant face à la foule. Ça a vraiment super bien marché, les gens venaient nous voir et nous tapaient dans la main en nous demandant de quelle planète on venait, les femmes nous regardaient le regard embrumé (ou alors c’était le mien je ne sais plus) et nous avons vibré toute la nuit, parfaite communion entre les peuples, unis par une seule passion, une seule magie, celle de la danse et de la musique de malades (et aussi un tout petit peu l’alcool).

Nous avons fini chez JChoss, à se raconter les dernières années de nos vies depuis l’école, en mangeant quelques sushis et sobas. Il est cool ce JChoss. J’étais très fier en rentrant à l’hôtel à 6h du mat, épuisé mais totalement repu dans mon corps et dans ma tête, heureux de cette nouvelle expérience (je parle de toute la semaine, pas que de la dernière soirée bande de poivrots) et même assez motivé pour me lever à 10h et me faire le petit déjeûner de sushis que je m’étais promis depuis le début, le regard vague au comptoir du restaurant, regardant la pluie tomber sur le marché aux poissons fermé.

P.S. Par miracle, je n’ai même pas gerbé dans l’avion. La classe.

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3 Responses to “Yannus 1 - Tokyo 0”

  1. klochette says:

    Tu m’impressionne, je dois l’avouer… J’ai bientôt une soirée avec des brésiliens tu me donneras ton secret? Parce que moi, je ne peux pas… Une gorgée d’eau du robinet (par mégarde…) en Tunisie, et je suis malade, et toi…

    Par contre, j’aimerais assez que tu cesses de lire American Psycho…vraiment, pour me faire plaisir…parce que tu me fais peur.

  2. Sean says:

    alarmingly@discernible.corroborees” rel=”nofollow”>.…

    tnx!…

  3. evan says:

    temptation@refrigerators.visit” rel=”nofollow”>.…

    спс за инфу….