Archive for November, 2004

Week-end à Ninh Chu - Suite et fin

Thursday, November 18th, 2004

Hahaha je sais que vous l’attendez tous, alors, sans plus tergiverser, voici la deuxième partie de mon voyage à Ninh Chu!

Lorsque le téléphone de Vu a sonné à six heures du matin pour le petit-déjeûner, Thang était rentré pendant la nuit, mais pas notre quatrième colocataire. Ce qui signifie que ce pourri de Thang a dormi tout seul dans son lit alors que j’étais dans les bras de Vu. J’étais un peu dégoûté, sachant que je suis gros comme Vu, Thang et toutes leurs familles réunies.

Mais bon, un nouveau jour se levait - en fait, il était levé depuis un moment, vu qu’il faisait déjà 30°C dehors - et nous n’allions pas nous laisser abattre pour si peu. A nous les nouilles de riz et le jus de légumes pourris!

Je dois avouer que c’était tout de même bien agréable d’admirer la plage en petit-déjeûnant, d’autant plus que tout le monde me lançait de joyeux bonjours maintenant qu’ils m’avaient vu faire l’idiot sur scène avec Nono le petit robot et une Beach Beauty d’un mètre quatre-vingts.

A sept heures pétantes, nous nous sommes dirigés vers le car pour la visite de la journée. J’étais vraiment impressionné par ces horaires de ouf jusque là, mais j’ai bien rigolé en arrivant au car: la moitié des gens avaient décidé de faire la grasse mat’!

Hahaha tant mieux on allait être entre warriors pour profiter de la petite île paradisiaque que nous nous apprêtions à visiter. J’étais tout de même tracassé par ma cheville, qui avait atteint la taille de celle d’un bébé mammouth (environ 7 mois), mais il était absolument hors de question que je me fasse soigner dans ce pays de guedin alors je faisais bonne figure.

Je vous épargne la description du trajet, un guide nous faisait de nombreux commentaires en vietnamien, tout le monde rigolait sauf moi qui ne comprenais rien. Et puis de toute manière je n’avais pas trop envie de rigoler parce que le chemin pour aller jusqu’au bateau passait par un petit col, que notre chauffeur a dévalé comme un malade, sous les hourras de la foule sanguinaire. Mon slip est foutu.

Sur la plage, en attendant le bateau, nous avons croisé des pêcheurs qui rentraient au port, avec des écrevisses grosses comme le bras. On a bien rigolé et on a pris de belles photos.

Vous avez déjà vu un ponton vietnamien? C’est en bois, c’est branlant et il y a des trous entre les planches pour mieux voir le vide et les épieus qui vous attendent au fond de l’eau si vous rippez. On s’est engagé là-dessus à cinquante, ça a tangué mais ça a tenu.

Le bateau était de bien meilleure facture, il n’y avait pas de gilets de sauvetage pour tout le monde, mais on m’en a donné un parce que quand même je suis un client. Il n’était pas très grand, j’ai pu y passer un bras, ça me faisait un petit brassard. De toute façon on n’en avait pas pour longtemps et le bateau était en surcharge totale donc comme on coulerait tous je pourrais certainement m’accrocher à quelqu’un.

Le voyage a été très agréable, on a vu des petites maisons de pêcheurs: une baraque en bois sur pilotis en plein milieu de la baie, entourée de structures carrées en bois, dans lesquelles repose un filet. J’ai pris des photos, on comprend mieux. Mais c’était joli. Nous avons abordé sur l’île, à même la grève, j’ai attendu que les gens arrêtent de se battre pour passer à quinze dans une porte de quatre-vingt centimètres de large et je suis sorti.

Oh la belle plage de sable fin, entourée de petites montagnes verdoyantes, avec la vue sur l’océan à l’infini! Mais, surtout, LE CANIARD! J’étais liquéfié en quelques secondes (surtout que j’avais eu la bonne idée de mettre un t-shirt noir), mais comme j’avais des petits boutons partout et que je présumais que c’était dû à mon exposition prolongée de la veille, je ne me suis pas déshabillé et je ne me suis pas baigné. C’est là que je vois que je n’étais pas encore un vrai vietnamien, parce qu’aujourd’hui, dans la même situation, je saute dans l’eau tout habillé avec mes chaussures sans réfléchir une seconde.

Nous avons attendu une heure sous une bâche en plastique bleu à regarder une femme faire sécher des calamars au soleil. Elle était en blouson, avec un bonnet. Je ne comprends pas toujours tout…

Enfin, le deuxième bateau est arrivé, un bateau à fond plat transparent. C’est là que j’ai compris qu’on allait voir une barrière de corail, parce que j’avais eu beau relire quinze fois le programme de la journée en vietnamien, je n’avais pas percuté. Et personne n’avait été capable de me traduire. C’était superbe: des coraux rouges, des anémones bleues, des petits poissons arc-en-ciel. La douce brise marine après le gros coup de chaud aidant, je me suis endormi comme un bébé sur le chemin du retour.

J’ai un peu été réveillé par Binh Le qui vomissait ses tripes à cause du roulis, j’ai rigolé comme tout le monde et je me suis rendormi. Dans le bus, j’ai bien dormi aussi, sauf que Binh Le, qui était devant moi, continuait à vomir (il y a du roulis dans les bus aussi et c’est moins bien aéré).

Le déjeûner était délicieux. C’est marrant comme nous n’avons pas les mêmes goûts: il y avait un petit plat de porc sucré-salé et presque personne n’y a touché à part moi… Si ça se trouve, je me suis tellement jeté dessus comme un malappris qu’ils se sont dit qu’il valait mieux me le laisser si ils ne voulaient pas se faire mordre… Ils ont bien fait.

Nous avons ensuite fait nos adieux à Ninh Chu et sommes repartis. Au bout d’une demi-heure, nous nous sommes arrêtés dans un magasin au bord de la route. Manifestement, nous étions attendus: des petites tables en plastique avec les tabourets assortis (genre dînette) s’offraient à nous. Nous avons dégusté un vin local, très sucré, qu’on boit avec des glaçons et du jus de citron. Apparemment c’est toujours comme ça le vin ici. Ca ressemble à un sirop assez alcoolisé, dans des bouteilles en plastique genre Villageoise, mais pas trop mauvais si on ne se dit pas que c’est du vin. En tous cas, franc succès: tout le monde a acheté au moins deux bouteilles, certains sont repartis avec des cartons complets.

A la sortie du magasin, on pouvait acheter du raisin et des nems à des petites vendeuses à la sauvette. Le raisin est très apprécié ici (si vous voulez offrir un fruit à un vietnamien, oubliez les mangues et les ananas, venez avec vos pommes et votre raisin) et les nems ne sont pas du tout ce dont on a l’habitude. C’est un petit pâté, un peu comme de la farce, très gluant et enroulé dans des feuilles de bananier. Je crois que c’est traditionnel pour les fêtes alors je vous en dirai plus après Noël, parce que là je n’ai pas trop osé, j’ai déjà eu assez de mal à me débarasser des petites filles accrochées à mon bras pour que je leur achète quelque chose.

Nous sommes repartis, j’ai dormi, et tout d’un coup ça s’est mis à sentir très mauvais. Je me suis dit que Binh Le commençait a être vraiment bien malade, mais j’ai compris en voyant tout le monde descendre du car que nous étions arrivé au magasin de nuoc mam. L’odeur était impressionnante au début, mais on s’y fait très vite; c’est en retournant dans le car que j’ai réalisé qu’on puait tous le poisson pourri.

Le nuoc mam est stocké dans de grandes poubelles en plastique (comme quoi eux aussi ils doivent trouver que ça pue pour le mettre direct à la poubelle) et on vous remplit et étiquette la bouteille sur place. Autant vous dire que je n’en ai pas acheté parce qu’avec le bol que j’ai, sûr qu’il aurait explosé dans mon sac.

On pouvait aussi acheter des miettes de poisson séché, genre nourriture pour poissons. Mes amis semblaient s’en délecter, mais moi j’avais déjà goûté la dernière fois que Franck était rentré à Paris et je savais que j’allais leur repeindre la boutique si je m’approchais trop de ces immondices. Je me suis tout de même offert des espèces de nougats très secs à base de riz, de lait et de sucre.

Comme un con, j’ai changé de place pour la fin du voyage. Comme ça puait le nuoc mam, je me suis mis près d’une ouverture de fenêtre. A chaque fois que je m’endormais, ma tête partait sur le côté et je me flanquais un grand coup dans le front avec la poignée de la fenêtre. C’était horrible parce que j’étais crevé et que je n’arrêtais pas de me cogner. J’ai encore mal.

Je me suis bavé dessus aussi. Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais vous vous réveillez avec un grand filet de bave qui vous relie au t-shirt. J’ai vite regardé autour de moi, mais tout le monde était très occupé à se faire goûter du poisson, pourri ou séché; je crois que c’est passé inaperçu.

Nous avons dîné à Pham Thiet, une station balnéaire très connue au Vietnam, mais comme à dix-neuf heures il faisait déjà nuit noire, je n’en ai pas vu grand chose.

Après dîner, dans le car, nous avons organisé un petit jeu: chacun devait passer au micro, chanter ou raconter une histoire, puis désigner son successeur. J’ai chanté “Du côté de chez Swann” en me disant que j’allais déchaîner les foules vu ce qu’ils m’avaient fait endurer, mais j’ai fait un flop. C’est certainement en grande partie dû à ma voix, mais j’en déduis aussi que les paroles sont très importantes dans la musique vietnamienne, parce que je pense que j’étais pile poil dans le registre musical.

Bref, c’est pas grave, je pensent qu’il m’aiment quand même, puisqu’ils m’ont offert la coupe gagnée au tir à la corde, très cérémonieusement, avec serrage de main du capitaine de l’équipe et preuve photographique à l’appui (il faut absolument que je récupère les photos)!

Le reste du voyage s’est déroulé tranquillement, nous sommes arrivé à Saïgon vers 22h30, on a dit au revoir à tout le monde, Vu m’a raccompagné en mobylette à mon hôtel, ce qui était assez marrant avec nos deux gros sacs, et j’ai réintégré mes pénates.

Etrange mélange de soulagement et de nostalgie, j’étais quand même bien content de me glisser dans mon lit, riche d’un expérience inoubliable et déjà un peu vietnamisé, puisque je n’ai pas pris de douche, malgré le sable, le sel, la transpiration, le nuoc mam et les projections de vomi de Binh Le qui a dû perdre dix kilos.

Bises

Vietyann

Ninh Chu talent show scenario

Wednesday, November 17th, 2004

Juste pour le souvenir, le synopsis du talent show de l’équipe n°2:

Dear all:

After the meeting in this evening, we unify a scenario of our drama below:

Scene 1:

Robot walk slowly to the stage.

Developer follow Robot. He is developing to complete the remaining works.

After that Developer test acting of Robot.

Test case 1: Shaking hand

Test case 2: Greeting customer by bowing the head slightly.

Developer is very happy when all things are completed.

Scene 2:

QC test acting of Robot

She find some strange bugs and ask PM require Dev fix bug.

Dev fix and test bugs. Everything is ok.

PM, QC are satisfied about Developer’s work.

Scene 3:

Customer come in:

Customer : Shake hand with PM. After that Test acting of Robot.

Test case 1: Shake hand

Test case 2: …

Suddenly, Robot give Customer a flower.

Customer is satisfied with Robot. He show “Number One” sigh.

Everybody in Team are so happy.

Robot is happy also.

He jump up, jump up and blow a kiss with GCS customer.

The End

Members of actor/actress

Customer :Yann Rapaport

Project Manager (PM): Quyet Le

QC: Ly Nguyen

Robot : Truong Tran

Developer : Quy Thai

Week-end à Ninh Chu - 1ère partie

Tuesday, November 16th, 2004

Coucou mes chéris! Voici le deuxième opus de mon carnet de voyage, histoire de vous raconter un peu une expérience inoubliable: mon week-end à Ninh Chu.

Mais commençons par le commencement: la dernière fois que nous nous sommes quittés, une nouvelle semaine saïgonnaise allait s'offrir à moi.

Rien de bien passionnant: départs le matin en xe om (moto-taxi), beaucoup de travail dans la journée, déjeûners avec l'équipe à la cantine de GCS, retours tard le soir et dîner dans ma chambre d'hôtel puis dodo.

Heureusement, j'ai rencontré dans l'ascenseur de l'hôtel une jeune femme qui est ici pour deux semaines. Elle s'appelle Anne, est à Saïgon pour donner des cours d'informatique à l'université d'Ho Chi Minh ville, et travaille au LIP6, un labo de recherche en informatique et réseaux. Du coup, elle connaît ma société et nous avons pu nous extasier sur la petitesse de notre planète au cours d'un dîner mardi soir. J'ai mangé de l'anguille grillée et elle une salade tiède au boeuf. J'ai oublié les noms vietnamiens... Hereusement qu'Anne était là pour me faire sortir de mon hôtel en semaine!

Vous l'avez compris, les événements marquants de cette semaine n'ont commencé à montrer le bout de leur nez qu'à partir du vendredi soir.

GCS organisait en effet le "GCS Family Day", une espèce de week-end d'intégration, dans un resort à Ninh Chu, au bord de la mer, à trois cents kilomètres de Saïgon. Départ le vendredi soir à 11h.

Contrairement à mes craintes, le bus était climatisé et tout à fait confortable. Je faisais partie de l'équipe 2. C'est très important pour la suite alors j'espère que vous êtes attentifs.

Au bout d'une heure de route (à minuit donc), nous nous sommes arrêtés dans une espèce de boui-boui et nous avons mangé une soupe au riz et au poisson.

Il y avait plus d'arêtes que de poisson et ce n'était pas très bon à mon goût, mais comme je suis allé aux toilettes avant de dîner, j'avais une bonne idée de ce que dégueulasse veut vraiment dire. Ici, pas de tout à l'égoût: les pissotières se déversent directement sur le sol. Du coup, la soupe m'a semblé bonne.

Nous sommes remontés dans le car et Binh Le et Ly ont sorti des fruits et des gâteaux, Quy avait acheté de la bière au restaurant. Il y avait aussi une guitare. Au bout d'un heure, les mecs étaient tous bourrés et chantaient à tue-tête des tubes vietnamiens. Je pense que Plastic Bertrand et Emile & Images (c'est Emile son nom?) feraient un malheur ici si ils parlaient vietnamien.

Heureusement, j'étais complètement crevé et j'ai dormi en pointillés pendant les sept heures de trajet (oui oui, sept heures pour trois cents kilomètres).

Nous sommes arrivés à Nin Chu à 6h30 et il devait déjà faire 35°C. J'étais en nage dès la sortie du car, mais heureux d'être arrivé vivant. Je vous épargne la description de la conduite vietnamienne, parce que sinon Môman me fait rapatrier direct. Je peux juste vous dire que c'est à base de klaxon et de ça passe ou ça casse.

Après un petit déjeûner à base de nouilles, d'oeufs de cailles, de riz, de jus de légumes (légume se dit rau, mais impossible de savoir le jus de quel légume j'ai bu, je sais juste que c'était du rau ma et que c'était pas bon) et de lait de soja tiède très sucré.

La matinée était libre, et dès que mon envie de vomir s'est calmée, je l'ai passée dans l'eau et sous les cocotiers, à discuter avec les quelques personnes qui parlaient anglais, à lire mon lonely planet, à écouter d'autres chansons du Didier Barbelivien local, à regarder des mecs se faire plumer au blackjack par Mai (Maille), une secrétaire de GCS fort sympathique qui leur a raflé toutes leurs thunes et dont j'aurai l'occasion de vous reparler plus tard.

Nous avons ensuite déjeûné et là, c'était délicieux. Je vous explique le principe: un bol de riz, plein de plats sur la table à base de viandes, de poissons, de fruits de mer et de légumes, on prend un petit peu de quelque chose dans un plat, on le trempe dans une sauce au passage, on le pose dans son bol de riz, on le récupère et on le mange. Comme ça le riz est bien imbibé et délicieux à la fin. Si on veut le riz encore moins sec, il y a toujours au milieu de la table un saladier de bouillon de légumes et de poissons, qu'on verse dans son bol (j'aime pas ça). Le tout est arrosé de thé glacé et conclu par un fruit exotique.

Par contre, on mange en vingt minutes chrono, personne n'attend personne, on ne dit pas bon appétit, surtout pas merci, on pose ses détritus sur la table et on fait beaucoup de SLUUUUURP et de BURP.

Premier choc culturel: les gens font des choses qui vous paraissent impolies ou déplacées (même à moi), mais pour eux c'est tout à fait naturel. Enfin bon, je remarque tout de même que les filles sont plus discrètes que les garçons, même si elles mangent aussi la bouche ouverte. A la fin du repas, on se cure toujours les dents. Chose étonnante: on n'utilise pas ses doigts, mais un cure-dents (tam). Puis tout le monde s'en va comme il est arrivé: sans dire au revoir ni merci.

C'est l'après-midi que les choses ont commencé à se compliquer. Si vous vous rappelez bien, je faisais partie de l'équipe numéro deux (chef d'équipe: Quy). Ah ah! Mais pourquoi ces numéros d'équipe me demanderez vous? Eh bien parce que l'après-midi, les "jeux" ont commencé. En fait de jeux, j'ai plutôt eu l'impression de me retrouver en gladiateur au milieu d'un arène.

Tournoi de foot sur la plage HYPER violent (et pourtant j'ai appris à jouer au foot en un contre un avec Danielus), lancer d'oeufs avec si possible ratrappage intact (et laissage de coquilles d'oeuf partout sur la belle plage de sable fin), course en sac style stock-car et tir à la corde dans un mètre d'eau avec une grosse corde qui fait des échardes.

Résultat des courses: une entorse au pied droit, des brulûres au sable partout sur les jambes (ça fait très mal) et des ampoules dans les mains de la taille d'un noix de coco.

Franchement, j'ai pas trop aimé les jeux sur la plage, même si je me suis senti obligé de dire le contraire à mon équipe, qui avait l'air absolument enchantée.

Ah oui, nous avons gagné le tir à la corde, ce qui n'est pas étonnant, vu que je dois peser facilement trois vietnamiens (et des gros). Au tir à la corde, Binh Le a failli se noyer, mais elle était quand même heureuse comme tout et prête à recommencer. Complètement tarée.

Tiens au passage, chose fort étonnante, les filles sur la plage sont toutes habillées et se baignent comme ça, parce que pour être belle il faut être le plus blanc possible. Je suis dégoûté ;-)

Bon après toutes ces épreuves, je me suis mis de la glace sur la cheville pendant une heure, j'ai discuté avec le responsable du training chez GCS, il m'a filé un lotion verdâtre à mettre sur les brûlures. Et bien croyez le ou pas, je me suis dit: "il faut s'intégrer", j'ai ouvert ce petit flacon sur lequel tout était écrit en chinois, et je m'en suis généreusement étalé sur le genou et sur le pied. Yaaaaaaaalaaaaaaaa! L'enfoiré! Je suis sûr que c'était à base de venin de cobra et de piment vert pour faire avancer les ânes les plus récalcitrants (pour faire avancer un âne récalcitrant, monter dessus et lui enfoncer dans l'anus le piment vert en question). Après avoir dégusté pendant facilment vingt minutes tout en continuant à lui faire la conversation l'air de rien, je suis allé prendre une douche et me préparer pour le dîner de 18h (ils ne mangent pas à la même heure que nous non plus).

Les bungalows étaient très confortables: deux lits simples, une télé, la cilm, tout propre et très bien.

C'est là que j'ai appris qu'on était en fait quatre par bungalow et qu'on devait se partager les lits. GCS fait des économies manifestement. Ca ne dérangeait pas mes compagnons de voyage, puisque quand je suis entré dans mon bungalow, ils étaient huit à faire la sieste: quatre par lit, tête bêche. Je vous dis tout de suite que n'importe lequel d'entre vous (sauf peut être Marine) et moi, on ne tient pas dans ces lits.

Dans la salle de bains, pas de bac de douche: on se lave directement dans la salle de bains, par terre, et on essaie de tout faire couler dans la bouche d'évacuation, mais la pente n'est même pas dans le bon sens. Résultat: le papier toilette est trempé, les serviettes sont trempés, la cuvette des toilettes est trempée, il y a du sable plein la salle de bains. Et bien, croyez-le si vous voulez, mais ce genre de détail ne me dérange absolument plus. Je me suis séché avec une serviette dans laquelle vous ne voudriez même pas vous moucher :-)

Je suis ensuite parti dîner. Impeccable: de grands buffets de brochettes de fruits de mer crues, qu'on faisait griller au bord de la plage, du riz sous toutes les formes, des nouilles sautées, du crabe au tamarind (j'aime pas le tamarind) et tout un tas de fruits délicieux.

Au bout d'une demi-heure le buffet était dépouillé et tout le monde avait fini de manger. Par terre, c'était une véritable porcherie. Heureusement, une petite pluie tropicale est venue rincer tout ça. Impressionnant: quelques secondes sous la pluie suffisaient pour être trempé jusqu'aux os.

Sous abri, il fallait plutôt quelques minutes, mais le résultat était le même, puisque les toits au-dessus des tables du dîner étaient en feuilles de bananier. On s'en foutait, c'était de la pluie chaude.

Pendant tout le repas, l'équipe de management de GCS a présenté leurs résultats pour 2004 et leurs plans pour 2005. Je n'ai rien compris, c'était en vietnamien. Il y a juste le chairman principal de GCS, Thang, qui m'a bien fait marrer parce qu'il ne prenait la parole que pour trinquer: "mo, hai, ba, yo!" (Je pense qu'on peutbtraduire ça par "un, deux, trois, santé!")

Pourtant c'est quelqu'un de très important au Vietnam si j'ai bien compris. Il parle très bien français et est très sympathique. Papa, il joue au golf.

C'est après dîner que j'ai vraiment commencé à halluciner. Mon équipe (la numéro 2) m'avait vaguement parlé d'un "Talent Show" où nous devrions jouer une petite pièce de théâtre. Je n'avais pas compris que ça prendrait cette ampleur.

Nous avons commencé par un concours de karaoké. J'ai chanté en vietnamien. C'est pas difficile, il suffit de chanter très mal et très fort et ça, je sais faire.

Ensuite, chaque équipe devait donc présenter un petit spectacle. C'était hallucinant, ils avaient fabriqué des costumes, certains ont fait des défilés de mode habillés en feuilles de bananier, d'autres des espèces de danses indiennes, d'autres ont chanté en duo avec le reste de l'équipe qui dansait... Mon équipe a présenté un petite pièce de théâtre en mime censée illustrer le processus qualité de GCS. Je jouais le client. Nous avons fini par un Beach Beauty Contest, où les beauties étaient tous des mecs, marrant.

C'était vraiment étrange, ambiance colonie de vacances. Mais le plus fort, tenez-vous bien, c'est qu'à la fin de chaque prestation, l'équipe de management de GCS mettait des notes aux participants. Les gens étaient vraiment très motivés pour gagner. Etonnant. Je ne pense pas qu'on voie ça en Europe dans un entreprise. Plutôt dans une équipe de foot où dans une colonie. Même au club med, les gens sont plus coincés.

Pendant toute cette agitation, vu que j'étais en coulisses, une chose en particulier m'a marqué: les gens se poussent et se marchent dessus comme si de rien n'était. Si vous gênez quelqu'un, il vous pousse sans ménagement, sans même vous regarder, quitte à vous flanquer par terre. J'ai bien observé, ce traitement ne m'était pas réservé (et le vietnamien qui me met par terre en me poussant n'est pas encore né) et tout le monde se marchait plus ou moins dessus.

Enfin, vers 22h30, après la remise des prix par les managers de GCS (j'espère que je vais arriver à récupérer des photos de nos prix, parce que je ne les ai pas vus de près, mais j'ai eu l'impression que ça valait le détour), je suis allé aux toilettes et j'y ai rencontré un demoiselle qui faisait pipi par terre sur le carrelage des pissotières parce qu'il y avait déjà quelqu'un dans les toilettes pour filles. Dégoûté, je suis allé me coucher, alors qu'un copain très sympathique et complètement bourré (je crois qu'il s'appelle Thang aussi - de toute manière, Hung, Chuong, Trung et Phuong se disent de la même manière alors je ne retiens aucun prénom) voulait absolument que je reste avec lui et ses potes boire des bières. Il

est vietnamien et vit à moitié entre le Vietnam et le Japon pour son travail. Il avait l'air de savoir ce que c'était que d'être loin de chez soi et c'est pourquoi il voulait que je reste avec lui pour me mettre à l'aise.

Mais j'étais trop mort et on avait le petit déjeûner à 6h30 le lendemain matin.

Sur le chemin du retour, j'ai croisé qui Vu qui me cherchait vu que j'avais la clé du bungalow. Je lui ai demandé si lui aussi il voulait aller se coucher, mais non, on était simplement samedi soir et il voulait regarder le match de foot. J'ai hésité à le pousser à l'eau où à l'étrangler derrière un cocotier, mais je me suis dit que crevé comme j'étais, je n'aurais pas de problème à m'endormir.

Et c'est ce que j'ai fait, Vu à mes côtés dans le même lit en train d'encourager Lampard en vietnamien.

Il est bien tard ici et mes yeux fatigués se ferment, je vous raconterai donc la suite lors d'un prochain numéro.

En attendant, allez voir les photos du week-end dernier:

http://www.rapaport.fr/yannus/

Gros bisous à tous!

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Yannus

Saigon - Premieres impressions

Sunday, November 7th, 2004
Salut mes cheris!

Voici un petit mail de Saigon, histoire de vous livrer un peu mes premieres impressions.

J'attendais d'avoir un peu visite la ville, parce que cette semaine, j'ai sutout bosse comme un... vietnamien. Et le vietnamien bosse tout le temps.

Me voici dans un cybercafe, il est 17h30, il fait chaud et moite, la nuit tombe et mon clavier est absolument degueulasse. Excusez donc les fautes de frappe; elles sont dues au fait que mes doigts restent parfois colles sur les touches...

Alors ici, ca grouille.

Les Saigonnais sont des vrai enerves.

La circulation est absolument incroyable, les panneaux, sens de circulation et autres feux tricolores ne servent a rien. Tout le monde s'en fout royalement. C'est le plus fort qui gagne. Dans l'ordre, il y a le pieton, le cycliste, le cyclo-pousse, la mobylette, la voiture, le bus et le camion. Quoique je ne suis pas sur entre le bus et le camion.

Bref, je prevois de m'acheter un camion.

Les premiers jours on ete tres difficiles. Je ne pensais pas que ca serait aussi depaysant et aussi difficile d'etre loin des siens; je me suis vraiment senti au milieu de nulle part. Ok ils ont l'alphabet latin, mais le langage n'a vraiment rien a voir. Et ca ca fait tres tres mal. On est paume des qu'on sort de chez soi.

Premiere etape, j'ai appris a dire bonjour (sin chao) et merci (kam on).

Apres j'avais faim, alors j'ai appris soupe (feu), boeuf (bo) et the glace (cha da).

Le probleme est que c'est une langue a tons et "ca" ne veut pas forcement dire la meme chose que "ca" (desole, j'ai pas les accents). Quand vous savez en plus que poulet se dit ga, je vous laisse imaginer le merdier.

Mais bon, je n'ai pas encore eu de poulet glace.

Aujourd'hui, apres avoir regarde un film a mon hotel, je me suis decide a surmonter mon apprehension (ha ha ha j'aimerais bien vous y voir) et je suis sorti dans la rue.

Premiere lecon: eviter de sortir dehors a 13h dans un pays tropical. J'ai compris ma douleur.

Mais, vous le savez, je suis un warrior, et je suis parti, a pieds, trempe de sueur.

Ici, il y a tres peu de pietons. C'est nul de marcher, il faut avoir une mobylette. Il y a 4 millions de mobylettes dans Ho Chi Minh City (on dit les deux: Saigon ou Ho Chi Minh City) et ca se voit. Pollution maximum.

Bef, j'ai marche jusqu'a l'hotel de ville, puis jusqu'au theatre. Ce sont deux batiments qui datent de la periode coloniale. Jolis. J'ai pris des photos.

Ensuite, j'ai mange un pho delicieux dans les quartiers un peu "riches" de Saigon. Ca m'a un peu rassure parce que les echoppes que j'avais rencontrees jusque la faisaient peur. Tiens au passage, je mange de tout, je bois de tout et je fais caca normalement (ou presque). J'espere que les effets ne s'accumulent pas pour apparaitre au bout de deux semaines, parce que si c'est le cas, je vais me faire virer de mon hotel...

Bref, j'ai mange pour 43000 dongs = 2 euros 50. Ici, tres peu de gens mangent pour ce prix la. C'est enorme. Le salaire moyen est de 23$. Et ca se voit.

Ensuite, j'ai visite le musee de l'histoire du vietnam en 20 minutes. Bon ok je suis fort pour visiter les musees a la vitesse de l'eclair (je ne tiens pas ca de maman) mais franchement il n'y avait pas grand chose. Le tourisme est encore balbutiant ici. C'est une vraie experience de routard. Pas facile pour moi, vous savez que j'aime avoir mon petit confort.

Mais c'est aussi pour ca que je suis la: ca fait du bien de se sortir de son mileu naturel :-D

Pour de nombreux autres points, je suis bien adapte. Je sais roter tout fort a la fin des repas, je sais me mettre les doigts dans la bouche devant tout le monde et sortir un gros morceau de boeuf coince entre deux molaires, je suis super fort pour cracher par terre dans la rue!

Bon demain je retourne au boulot et ca me ravit. Sur ce point la, aucune apprehension, aucune mauvaise impression. L'equipe est sympa, parle presque anglais, et il y a un max de taf!

Je pense a vous tous et je n'avais pas tout le monde dans mon carnet d'adresses, alors n'hesitez pas a forwarder a qui bon vous semble.

Groooooosses bises!

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Vietyann